DoMeAFavour

And break my nose

Mardi 18 juillet 2017 à 14:12

Je ne sais plus si je l'ai déjà mentionné au cours de ces dix dernières années sur Cowblog, mais je suis une grande fan de Harry Potter. Quand je dis fan, je veux dire dans le genre vraiment hardcore qui mémorise des trucs complètement débiles comme par exemple le nombre de coups de hache qu'a reçu Nick-Quasi-Sans-Tête. Si je faisais le concours des animateurs sur TF1, je prendrais clairement le thème Harry Potter et je gagnerais haut la main. Je ne sais plus si Qui Veut Gagner des Millions passe toujours à la télé en France, mais si vous avez besoin d'un contact supplémentaire pour l'Appel à Un Ami, vous pouvez clairement compter sur moi pour ce genre de connerie. 

Et puis j'ai un tatouage des Reliques de la Mort. 

 
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Et sinon j'ai ces autocollants chez moi, et je ne regrette rien]

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J'ai commencé à lire Harry Potter en août 2001, alors que mes parents venaient juste de se séparer. J'avais 13 ans, et ma mère avait confié ma garde temporaire (3 ans) à mes grand-parents. Bien que le commencement de la lecture de cette saga n'ait aucun rapport avec les évènements, et que je fus presque parfaitement heureuse jusqu'à l'âge de 15 ans, Harry Potter était mon refuge. Mon moyen de tenir bon quand j'avais quelques tracas en tête. J'avais eu certes une belle enfance, bien qu'attypique, j'étais entourée de gens qui m'aimaient. J'avais des grand-parents en or qui valaient tous les parents du monde, ceux du genre qui savent répondre à toutes les questions de Julien Lepers et qui ne te laissent pas repartir sans un bouquet de fleurs fraîches ou un sac de noisettes du jardin, ou trois tranches de gâteau fait maison enveloppées dans du papier alu "pour que tu manges au petit déjeuner". Mon grand-père était anciennement menuisier, et savait tout fabriquer de ses propres mains. Il n'y avait rien qu'il ne savait réparer. Il avait aussi un jardin plein de lilas, cerises, dalias, framboises, hortensias, concombres, roses, myrtilles, tulipes, rhubarbes, laitues, brugnons, muguet etc. Ma grand-mère était la femme la plus savante que je connaissais. Elle semblait absolument tout savoir, en toute humilité. Jamais elle ne se vantait de toutes ses connaissances, et se contentait de répondre justement aux questions qu'on lui posait. Elle m'a transmis son attrait à l'histoire, et m'emmenait chaque année à une tournée des musées parisiens. Elle était par ailleurs une cuisinière hors-pair, et ses plats au goût douceur-de-vivre étaient réputés auprès de toute la famille et amis. 

Bref, je m'égare. Le fait que, malgré tout cela, j'avais quelques frustrations qui me pourrissaient la vie; le sens des priorités de ma mère, qui batifollait avec le connard qui devint mon beau-père par la suite, la passivité de mon père par rapport à moi, et l'envie de vivre qui le quittait à petit feux. Et surtout, mes troubles compulsifs alimentaires qui s'installaient pour de bon. C'était très dur à gérer d'être la rondouillarde de la classe, à un âge où l'on commence à ressentir une forte attirance pour - dans mon cas - les garçons. Je commençais tout doucement à jalouser mes amis qui connaissaient leurs premiers émois amoureux, tandis que moi je n'étais que la meilleure amie des garçons, leur pote. Le seul atout qu'ils semblaient me voir était le fait que je soies formée depuis l'âge de 10 ans. Bien souvent, des garçons essayaient de toucher ma poitrine, mais à leurs yeux, j'étais essentiellement un mec à seins. A bien des égards, j'étais plutôt flattée de ma position spéciale de confidente; j'étais un peu comme la nana qui murmurait à l'oreille des chevaux, sauf que les chevaux étaient des garçons, et l'on venait souvent à moi pour des conseils amoureux, même si j'étais la plus célibataire de toute la cour de récré. Je ne pouvais m'empêcher d'aspirer à davantage. 

 

Je ne supportais pas mon corps, je n'ai jamais pu. C'est pour ça que j'ai commencé à avoir des crises de boulimie, et par la suite de me faire vomir. Harry Potter était mon moyen d'évasion; ironiquement, moi qui aimais être le centre de l'attention, Potter  était un univers où j'appréciais particulièrement de n'être que spectatrice. Je me concentrais tellement fort sur les lignes que je lisais que ce monde prenait forme visuellement dans mon esprit. L'histoire prenait une forme si nette dans ma tête que j'avais l'impression d'être l'ombre des protagonistes, ou bien comme projetée dans une Pensine. Je prenais plaisir à imaginer les traits des personnages, et attribuais même certains du physique de célébrités que je trouvais belles. Remus Lupin ressemblait à George Clooney, Cho Chang à l'actrice qui jouait Lana Lang dans Smallville, Angelina Johnson et Alicia Spinnet ressemblaient ressemblaient à Beyoncé Knowles et Kelly Rowland des Destiny's Child, Katie Bell à Avril Lavigne, et Sirius Black à Ewan McGregor [Par ailleurs, d'un point de vue physique, je voyais plutôt Kenneth Branagh dans le rôle de Ludo Verpey que dans celui de Gilderoy Lockhart, mais bon].
J'adorais tout particulièrement lire Harry Potter les soirs de pluie, lorsque les gouttes d'eau martelaient le velux de ma chambre. 

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En y pensant, c'est fou ce que la maison des Weasley me rappelait ma propre maison. Mes grand-parents, bien qu'ayant une situation stable à l'abri du besoin, vivaient modestement. Leur maison l'était en tout cas. C'était les moins matérialistes du monde en tout cas. Ils n'étaient pas du tout avares, mais ils préféraient dépenser leur argent dans les voyages, les petits coups de pouces à la famille et les cadeaux aux petits-enfants. Cependant, tout le monde était d'accord que leur maison dégageait une atmosphère accueillante, chaleureuse, confortable. Une maison un peu modeste, mais bien entrenue et décorée. Tous les membres de notre famille en situation de crise venaient se réfugier chez mes grand-parents. Tout le monde voulait noyer son chagrin dans les blagues espiègles de mon grand-père et le gâteau aux noisettes de ma grand-mère. Bien des choses dans Arthur et Molly Weasley me rappellent mes grand-parents. 
Ma chambre dans leur maison était même étrangement similaire à celle de Ron Weasley; au plus haut étage, sous le toit, avec du papier peint orange et un couvre-lit  en laine orange, comme la couleur de l'équipe préférée de Ron. Cette ressemblance accidentelle m'amusait. 


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Harry Potter était une sorte d'ami imaginaire, mais de la façon la plus saine qui soit. J'entends par là que ce n'est pas comme si j'avais de sérieux problèmes et parlais à quelqu'un d'invisible, mais juste que je développais une grande reconnaissance et affection fraternelle pour le personnage, bien que parfaitement consciente qu'il était fictif. Un ami rassurant qui ne me jugeait pas sur mon physique, qui n'attendait rien de moi forcément, étant imaginaire; il me donnait le droit d'abandonner mes tracas et de m'assoir confortablement sur le siège passager, pour un voyage dans un monde où les gens avaient des choses bien plus passionnantes à faire que s'éterniser sur les critères physiques.
 
Depuis, je n'ai jamais cessé de relire la saga continuellement, pour seule exception de septembre 2009, lorsque je m'étais essayée au boulot de jeune fille au pair en Irlande. J'avais débattu de si je devais prendre les livres avec moi ou non, mais comme une idiote, j'avais fini par me dire que Harry Potter appartenait à l'enfance, et que laisser mes livres derrière moi était accepter officiellement de grandir. Quelle grande conne que j'étais. Cela me valut le plus gros mal du pays jamais expérimenté. Je ne fis pas long feu en Irlande (du moins, pas cette année-là), et me jetai immédiatement sur mes bouquins en rentrant. Ce fut à partir de ce moment-là que Harry passa d' 'ami imaginaire' au statut de foyer. Partout où j'avais un bouquin Harry Potter, j'étais comme à la maison. C'est ainsi que les bouquins me suivirent dans mes nombreux périples aux quatre coins de l'Europe [C'est là que j'ai vraiment envie de vous recommander Kindle, parce que c'est lourd ces conneries], et je pense sincèrement que cela m'a beaucoup aidée à ne plus jamais avoir le mal du pays où que je soies.

A présent, ça fait quatre ans et demi que je vis en Angleterre, et comme tout le monde, plus les années passent, plus je dois me soumettre malgré aux étapes de la vie adulte que la société impose. Je suis à l'une des périodes les moins heureuses de ma vie; j'ai beau mépriser les fameux diktats de la société, il n'empêche que j'en ai ras-la-touffe d'être célibataire, ma vie professionnelle n'avance pas du tout, je n'ai pas un sou en poche, je n'ai pas payé ma facture de gaz depuis février (et en Angleterre ils ne déconnent pas avec les huissiers), et je suis à deux doigts de me faire expulser de mon appartement. Je n'ai pas les moyens de venir en France cet été, et mes amis et ma famille me manquent cruellement. C'est la première fois en plusieurs années que j'échoue à me rendre à Paris tous les trois mois. Mais pire que ça, j'ai atteint le poids le plus élevé de toute mon existence, malgré mes différents efforts pour perdre du poids, malgré la suppression de sucre et de gluten dans mon alimentation, malgré les verres de jus de citron chaud le matin, les portions plus petites de nourriture, les infusions aux herbes le soir, et les sept thés verts par jour. J'ai perdu toute confiance en moi, et mes troubles compulsifs alimentaires on repris de façon alarmante. Alors que ces trois dernières années, ma lecture de Harry Potter était très sporadique, depuis que j'ai connu mes derniers déboires affectifs en date il y a quelques semaines, j'ai repris une lecture très intensive de la saga. En parallèle, je regarde une quantité incroyable de vidéos de théories potteriennes faites par des fans, et je commente beaucoup et échange de nombreux messages avec d'autres fans.

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Ce matin, alors que je regardais une vidéo du youtubeur "Harry Potter Folklore" (je vous le recommande pour éclairer vos zones d'ombre sur la saga, il est super), j'ai réalisé qu'une fois de plus, je devais ma sanité d'esprit en ces temps difficiles à cette nouvelle période intense de Potter-fangirling. C'est la seule chose en ce moment qui me fait conserver ma joie de vivre naturelle. Cette joie de vivre maintenue me permet de me concentrer sur les choses positives de ma vie, comme ma chance incroyable en terme d'amis, ou le fait que je sois à peu près la seule personne  dans tout Liverpool qui ait son appartement [vivre seul en Angleterre relève un peu de l'utopie], ou mon boulot en tant que guide touristique des Beatles; bien que les visites guidées soient irrégulières, obtenir ce boulot était l'un des buts les plus importants de ma vie.

 

Si vous aussi êtes fans, n'hésitez pas à me faire signe; depuis qu'Animaux Fantastiques est sorti, j'ai été plutôt isolée géographiquement des autres fans, ce qui me rend physiquement très frustrée d'en parler!  



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